La Vénus au miroir : une des seules qui tourne le dos!

J’ai décidé de vous présenter un de mes nus préféré : la Vénus au miroir de Velázquez peint entre 1649 et 1651 pendant son voyage en Italie. Elle est aujourd'hui exposée au National Gallery à Londres.
Cette Vénus est à la fois fascinante et arrogante. En effet, en tournant le dos, elle semble se refuser. Une scène qui est très vivante et théâtrale dont tous les scénaristes pourraient s’inspirer.

 

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 Une Vénus arrogante et peintre qui met en cause la tradition

 

Velázquez dans cette toile n’hésite pas à provoquer ses contemporains. En effet, contrairement à la tradition de la Renaissance italienne (que l’on peut substituer à Titien) la Vénus ici, n’est pas de face mais de dos. Le format horizontal permet au regard du spectateur d’être attiré par l’élégance des courbes de ses formes féminines presque parfaites. Il est certes en rupture face à la tradition mais comme tous les artistes il s’en inspire tout de même. Dans les conventions classiques, au-delà de l’érotisme que le nu provoque, la femme doit se métamorphoser en déesse. Exercice que Velázquez applique à la lettre puisque les formes, les courbes et le dos suggèrent le plaisir et rendent la Vénus irréelle car parfaite par sa blancheur et ses formes lisses. On reconnaît par ailleurs la déesse de l’amour au fait que ce soit Cupidon qui tienne le miroir.

 

Une scène théâtrale :

 

Plusieurs motifs font référence au théâtre dans le tableau, le rideau rouge en arrière-plan et le miroir. Ce miroir qui reflète l’image floue de son visage. Elle est occupée à contempler sa jeunesse éternelle. Un thème fondateur dans l’art décrit par Ovide dans Narcisse. Elle s’observe tellement qu’elle en vient à pratiquement tomber amoureuse d’elle-même. Ce tableau est un culte de la beauté et de l’amour platonique incarné par la figure immortelle de Vénus au milieu d’un décor théâtral.

 

La rivalité avec la sculpture :

 

Cette Vénus est si parfaite, qu’elle provoque en duel la sculpture. Velázquez peint son corps de manière réaliste avec une anatomie précise. Le tableau provoque un effet de surprise, en effet le visage de la déesse se reflète dans le miroir. Son regard est troublant et interpelle le spectateur. Son visage parait celui d’une jeune fille sage, et populaire qui contraste avec son physique parfait voire même imaginaire. Son visage nous ramène sur terre et montre la part humaine qu’elle a en elle. Cette ambiguïté ramène au thème du miroir et à la symbolique de la vanité.

 

Ce tableau incarne les plaisirs charnels et l’hédonisme mais aussi la fugacité de la vie !